Au début il y a des photos d’intérieur. Puis je les vide de leur superflu. C’est à dire des vases, des tableaux ou des bibelots, mais encore de leur papier peint ou de leur moulure de plafond.

“Je ne garde que les volumes et les éléments qui me permettent de recréer une narration à l’ image.

Je cherche à «juxtaposer en un seul lieu réel plusieurs espaces, plusieurs emplacements qui sont en eux-mêmes incompatibles»1, c’est à dire créer une hétérotopie.

Souvent cela engendre des perturbations : une nouvelle vue depuis la fenêtre, un plafond qui s’ouvre sur un ciel, un parquet qui devient mer ou encore un paysage qui se redessine sur les murs...

Une étrangeté émane de ce nouveau lieu qui devient alors un contre-espace : «un emplacement réel sans lieu”2. La frontière entre imaginaire et réel s’effrite pour faire apparitions, des hallucinations domestiques.

«Ces contre-espaces, ces utopies localisées, les enfants les connaissent parfaitement.(...) C’est - le jeudi après-midi - le grand lit des parents. C’est sur ce grand lit qu’on découvre l’océan, puisqu’on peut y nager entre les couvertures ; et puis ce grand lit, c’est aussi le ciel, puisqu’on peut bondir sur les ressorts ; c’est la forêt, puisqu’on s’y cache ; c’est la nuit, puisqu’on y devient fantôme entre les draps ; c’est le plaisir, enfin, puisque, à la rentrée des parents, on va être puni.”3

1,2,3 Foucault, Michel. «Des espaces autres, Heterotopies.» Architecture, Mouvement, Continuité 5 (1984): 46-49.

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